Qui êtes-vous ?

mardi 5 février 2008

"Les...A, Léa" monologue théâtral, Extrait 1

(...) J’ai peur du noir. J’ai peur des petites bêtes qui grouillent, j’ai peur qu’elles me rentrent dans le sexe … J’ai peur de l’avion, des attentats, des pervers … J’ai peur de la pneumopathie atypique, de la légionellose, du sida, du cancer, de l’hépatite…J’ai peur d’attraper la sclérose en plaque si je me fais vacciner contre l’hépatite… J’ai peur des maladies en général… J’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir… J’ai peur de ne pas être aimée… J’ai peur des microbes, des détergents, de la nourriture périmée, des saumons d’élevage… J’ai peur qu’il y ait du pipi de rat sur ma canette de coca… J’ai peur des requins, des couteaux pointus, de la cigarette, de la pollution. J’ai peur de la fonte des glaces au Pôle Nord, j’ai peur que les pingouins ne puissent plus se reproduire. J’ai peur de la télévision…Surtout le soir, à 20 heures. J’ai peur que ça m’arrive à moi aussi… de me faire écraser, violer, assassiner… alors, que je suis tranquillement assise sur mon canapé…J’ai peur de ne pas pouvoir supporter le poids de tout le malheur du monde. J’ai peur d’agir, j’ai peur de ne rien faire. J’ai peur que ça empire… J’ai peur d’éteindre la télé, d’éteindre la lumière…J’ai peur de la vérité, mais j’ai peur de ne jamais la connaître… J’ai peur de la solitude, mais j’ai peur des gens. J’ai peur d’oublier, d’être oubliée… J’ai peur de mourir.
J’ai peur de devenir folle ! AAAaah ! Je veux vivre, j’ai envie de vivre !! Seigneur, aidez-moi !
On étouffe ici ! De l’air, j’ai besoin d’air !
Elle va à la fenêtre. Elle l’ouvre. Musique d’accordéon.

« Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale. […] Je mourrai d’une jambe arrachée par un rat géant jailli d’un trou géant. Je mourrai de cent coupures. Le ciel sera tombé sur moi ; ça se brise comme une vitre lourde.
[…] Je mourrai nu, ou vêtu de toile rouge, ou cousu dans un sac avec des lames de rasoir. […] Je mourrai de voir torturer des enfants et des hommes étonnés et blêmes. Je mourrai rongé vivant par des vers. […] Et puis quand tout sera fini, je mourrai. » Boris Vian.
Elle sourit.
Dans une vie antérieure, j’étais un saule pleureur... Je n’acceptais pas ma condition d’arbre. Je souffrais d’être enraciné au sol. Alors, je pleurais, je pleurais … Je ne m’apercevais pas que mes branches flottaient dans le ciel …
A partir de quelle hauteur commence le ciel ?
Les nuages sont dans le ciel … les avions, les ballons qui s’envolent …
Quand j’étais petite, je pensais que le ciel commençait là où il devenait bleu… mais je sais maintenant que ce n’est qu’une illusion de nos yeux !
Moi, je pense que le ciel commence là où la terre se termine, c'est-à-dire sous la semelle de mes chaussures !

Le téléphone sonne. Elle reste là où elle est, les yeux dans le vague.

Si Dieu existe, Dieu est un puzzle.
On est tous…chacun… un petit bout… de Dieu…
Elle sourit.
À nous tous, nous formons quelque chose d’extraordinaire !...
Pourquoi ça ne me suffit pas ?... être le maillon d’une chaîne… c’est beau quand on y pense. Pourquoi j’ai envie d’être unique, importante ? Quel est ce besoin de vouloir sortir de la masse ? Oh, je sais ! Je suis minuscule, mais je sers à quelque chose qui me dépasse ! Il n’empêche que je préfèrerais être une tornade au Texas plutôt que le battement d’aile d’un papillon au Brésil. Une tornade, on en parle dans les journaux !

Elle va derrière le paravent. On l’entend uriner puis forcer pour essayer de sortir autre chose…Plouff… Merde, y’a plus de PQ ! Elle sort péniblement son bras et sa tête de derrière le paravent pour attraper un journal laissé par terre. Bruit de chasse d’eau.(...)
Dernières rectifications : septembre 2006
Dépôt SACD n°196037

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Agréablement original, tu as du talent c'est certain ! J'ai eu peur du sida à une époque, mais j'ai enfin compris quoi faire. Moi aussi j'ai peur des peurs des requins; et du pipi de rat sur ma canette, ça m'a traumatisé, j'y pense presque tout le temps !^^ Je passe du coq à l'âne, mais je suis croyant, et toi tu l'es toujours ?